Germinal – 1193

On forma vivement le cortège. Bébert avait ramené Bataille, qu’on attela aux deux berlines : dans la première, gisait le cadavre de Chicot, maintenu par Etienne ; dans la seconde, Maheu s’était assis, portant sur les genoux Jeanlin sans connaissance, couvert d’un lambeau de laine, arraché à une porte d’aérage. Et l’on partit, au pas. Sur chaque berline, une lampe mettait une étoffe rouge. Puis, derrière, suivait la qu’elle des mineurs, une cinquantaine d’ombres à la file. Maintenant, la fatigue les écrasait, ils traînaient les pieds, glissaient dans la boue, avec le deuil morne d’un troupeau frappé d’épidémie. Il fallut prèsd’une demi-heure pour arriver à l’accrochage. Ce convoi sous la terre, au milieu des épaisses ténèbres, n’en finissait plus, le long des galeries qui bifurquaient, tournaient, se déroulaient.