Germinal – 1480

Il haussait la voix, le ventre en avant, planté carrément sur ses grosses jambes. Et toute sa nature d’homme raisonnable et patient se confessait en phrasesclaires, qui coulaient abondantes, sans effort. Est-ce que ce n’était pas stupide de croire qu’on pouvait d’un coup changer le monde, mettre les ouvriers à la place des patrons, partager l’argent comme on partage une pomme ? Il faudrait des mille ans et des mille ans pour que ça se réalisât peut-être. Alors, qu’on lui fichât la paix, avec les miracles ! Le parti le plus sage, quand on ne voulait pas se casser le nez, c’était de marcher droit, d’exiger les réformes possibles, d’améliorer enfin le sort des travailleurs, dans toutes les occasions. Ainsi, lui se faisait fort, s’il s’en occupait, d’amener la Compagnie à des conditions meilleures ; au lieu que, va te faire fiche ! on y crèverait tous, en s’obstinant.