Germinal – 1722

La Mouquette se désespérait à l’attendre, assise sur une poutre, malgré le grand froid. Quand elle l’aperçut, elle lui sauta au cou ; et ce fut comme s’il lui enfonçait un couteau dans le cœur, lorsqu’il lui dit sa volonté de ne plus la voir. Mon Dieu ! pourquoi ? est-ce qu’elle ne l’aimait point assez ? Craignant de succomber lui-même à l’envie d’entrer chez elle, il l’entraînait vers la route, il lui expliquait, le plus doucement possible, qu’elle le compromettait aux yeux des camarades, qu’elle compromettait la cause de la politique. Elle s’étonna, qu’est-ce que ça pouvait faire à la politique ? Enfin, la pensée lui vint qu’il rougissait de la connaître ; d’ailleurs, elle n’en était pas blessée, c’était tout naturel ; et elle lui offrit de recevoir une gifle devant le monde, pour avoir l’air de rompre. Mais il la reverrait, rien qu’une petite fois, de temps à autre. Eperdument, elle le suppliait, elle jurait de se cacher, elle ne le garderait pas cinq minutes. Luis, très ému, refusait toujours. Il le fallait. Alors, en la quittant, il voulut au moins l’embrasser. Pas à pas, ils étaient arrivés aux premières maisons de Montsou, et ils se tenaient à pleins bras, sous la lune large et ronde, lorsqu’une femme passa près d’eux, avec un brusque sursaut, comme si elle avait buté contre une pierre.