Germinal – 1733

Cinq heures sonnèrent, le crépuscule venait déjà. Encore un tour, jusqu’à la forêt de Vandame, pour décider qui gagnait la casquette et le foulard ; et Zacharie plaisantait, avec son indifférence gouailleuse de la politique : ce serait drôle de tomber là-bas, au milieu des camarades. Quant à Jeanlin, depuis le départ du coron, ilvisait la forêt, avec son air de battre les champs. D’un geste indigné, il menaça Lydie, qui, travaillée de remords et de craintes, parlait de retourner au Voreux cueillir ses pissenlits : est-ce qu’ils allaient lâcher la réunion ? lui, voulait entendre ce que les vieux diraient. Il poussait Bébert, il proposa d’égayer le bout de chemin, jusqu’aux arbres, en détachant Pologne et en la poursuivant à coups de cailloux. Son idée sourde était de la tuer, une convoitise lui venait de l’emporter et de la manger, au fond de son trou de Réquillart. La lapine reprit sa course, le nez frisé, les oreilles rabattues ; une pierre lui pela le dos, une autre lui coupa la queue ; et, malgré l’ombre croissante, elle y serait restée, si les galopins n’avaient aperçu, au centre d’une clairière, Etienne et Maheu debout. Eperdument ils se jetèrent sur la bête, la rentrèrent encore dans le panier. Presque à la même minute, Zacharie, Mouquet et les deux autres, donnant le dernier coup de crosse, lançaient la cholette, qui roula à quelques mètres de la clairière. Ils tombaient tous en plein rendez-vous.