Germinal – 1896

Rien ne remuait, toujours le même silence de mort. Furieux, il descendit, il courut avec sa lampe, si violemment qu’il faillit buter dans le corps de la herscheuse, qui barrait la voie. Béant, il la regardait.Qu’avait-elle donc ? Ce n’était pas une frime au moins, histoire de faire un somme ? Mais la lampe, qu’il avait baissée pour éclairer la face, menaça de s’éteindre. Il la releva, la baissa de nouveau, finit par comprendre : ça devait être un coup de mauvais air. Sa violence était tombée, le dévouement du mineur s’éveillait, en face du camarade en péril. Déjà il criait qu’on lui apportât sa chemise ; et il avait saisi à pleins bras la fille nue et évanouie, il la soulevait le plus haut possible. Quand on lui eut jeté sur les épaules leurs vêtements, il partit au pas de course, soutenant d’une main son fardeau, portant les deux lampes de l’autre. Les galeries profondes se déroulaient, il galopait, prenait à droite, prenait à gauche, allait chercher la vie dans l’air glacé de la plaine, que soufflait le ventilateur. Enfin, un bruit de source l’arrêta, le ruissellement d’une infiltration coulant de la roche. Il se trouvait à un carrefour d’une grande galerie de roulage, qui desservait autrefois Gaston-Marie. L’aérage y soufflait en un vent de tempête, la fraîcheur y était si grande, qu’il fut secoué d’un frisson, lorsqu’il eut assis par terre, contre les bois, sa maîtresse toujours sans connaissance, les yeux fermés.