Germinal – 1947

On ne s’en alla point ensemble, par prudence. Depuis longtemps, Jeanlin avait disparu. Maheu et la Maheude filèrent de leur côté, obliquant vers Montsou, tandis qu’Etienne se dirigea vers la forêt, où il voulait rejoindre les camarades. En route, il rattrapa une bande de femmes, parmi lesquelles il reconnut la Brûlé et la Levaque : elles mangeaient en marchant des châtaignes que la Mouquette avait apportées, elles en avalaient les pelures pour que ça leur tint davantage à l’estomac. Mais, dans la forêt, il ne trouva personne, les camarades déjà étaient à Jean-Bart. Alors, il prit sa course, il arriva devant la fosse, au moment où Levaque et une centaine d’autres pénétraient sur le carreau. De partout, des mineurs débouchaient, les Maheu par la grande route, les femmes à travers champs, tous débandés, sans chefs, sans armes, coulantnaturellement là, ainsi qu’une eau débordée qui suit les pentes. Etienne aperçut Jeanlin, grimpé sur une passerelle, installé comme au spectacle. Il courut plus fort, il entra avec les premiers. On était à peine trois cents.