Germinal – 1992

Toute la bande des grévistes était accourue. En moins de trois minutes, il ne resta pas un homme dans les bâtiments, les cinq cents de Montsou se rangèrent sur deux files, pour forcer à passer entre cette double haieceux de Vandame qui avaient eu la traîtrise de descendre. Et, à chaque nouveau mineur apparaissant sur la porte du goyot, avec les vêtements en loques et la boue noire du travail, les huées redoublaient, des blagues féroces l’accueihaient : oh ! celui-là, trois pouces de jambes, et le cul tout de suite ! et celui-ci, le nez mangé par les garces du Volcan ! et cet autre, dont les yeux pissaient de la cire à fournir dix cathédrales ! et cet autre, le grand sans fesses, long comme un carême ! Une herscheuse qui déboula, énorme, la gorge dans le ventre et le ventre dans le derrière, souleva un rire furieux. On voulait toucher, les plaisanteries s’aggravaient, tournaient à la cruauté, des coups de poing allaient pleuvoir ; pendant que le défilé des pauvres diables continuait, grelottants, silencieux sous les injures, attendant les coups d’un regard oblique, heureux quand ils pouvaient enfin galoper hors de la fosse.