Germinal – 203

La cage, en effet, garnie de bandes de tôle et d’un grillage à petites mailles, les attendait, d’aplomb sur les verrous. Maheu, Zacharie, Levaque, Catherine se glissèrent dans une berline du fond ; et, comme ils devaient y tenir cinq, Etienne y entra à son tour ; mais les bonnes places étaient prises, il lui fallut se tasser près de la jeune fine, dont un coude lui labourait le ventre. Sa lampe l’embarrassait, on lui conseilla de l’accrocher à une boutonnière de sa veste. Il n’entendit pas, la garda maladroitement à la main. L’embarquement continuait, dessus et dessous, un enfournement confus de bétail. On ne pouvait donc partir, que se passait-il ? Il lui semblait s’impatienter depuis de longues minutes. Enfin, une secousse l’ébranla, et tout sombra ; les objets autour de lui s’envolèrent, tandis qu’il éprouvait un vertige anxieux de chute, qui lui tirait les entrailles. Cela dura tant qu’il fut au jour, franchissant les deux étages des recettes, au milieu de la fuite tournoyante des charpentes. Puis, tombé dans le noir de la fosse, il resta étourdi, n’ayant plus la perception nette de ses sensations.