Germinal – 2103

Vers neuf heures, bien qu’il eût reçu l’ordre de renvoyer tout le monde, Hippolyte se permit d’annoncer, Dansaert, qui apportait des nouvelles. Le directeur apprit seulement alors la réunion tenue la veille, dans la forêt ; et les détails étaient d’une telle netteté, qu’il l’écoutait en songeant aux amours avec la Pierronne, si connus, que deux ou trois lettres anonymes par semaine dénonçaient les débordements du maître porion : évidemment, le mari avait causé, cette police-là sentait le traversin. Il saisit même l’occasion, il laissa entendre qu’il savait tout, et se contenta de recommander la prudence, dans la crainted’un scandale. Effaré de ces reproches, au travers de son rapport, Dansaert niait, bégayait des excuses, tandis que son grand nez avouait le crime, par sa rougeur subite. Du reste, il n’insista pas, heureux d’en être quitte à si bon compte ; car, d’ordinaire, le directeur se montrait d’une sévérité implacable d’homme pur, dès qu’un employé se passait le régal d’une jolie fille, dans une fosse. L’entretien continua sur la grève, cette réunion de la forêt n’était encore qu’une fanfaronnade de braillards, n’en ne menaçait sérieusement. En tout cas, les corons ne bougeraient sûrement pas de quelques jours, sous l’impression de peur respectueuse que la promenade militaire du matin devait avoir produite.