Germinal – 2700

Quoi faire ? étrangler la Pierronne et les autres, se battre contre le coron ? Etienne en eut un instant l’envie. Le sang grondait dans sa tête, il traitait maintenant les camarades de brutes, il s’irritait de les voir inintelligents et barbares, au point de s’en prendre à lui de la logique des faits. Etait-ce bête ! Un dégoût lui venait de son impuissance à les dompter de nouveau ; et il se contenta de hâter le pas, comme sourd aux injures. Bientôt, ce fut une fuite, chaque maison le huait au passage, on s’acharnait sur ses talons, tout un peuple le maudissait d’une voix peu à peu tonnante, dans le débordement de la haine. C’était lui, l’exploiteur, l’assassin, la cause unique de leur malheur. Il sortit du coron, blême, affolé, galopant, avec cette bande hurlante derrière son dos. Enfin, sur la route, beaucoup le lâchèrent ; mais quelques-uns s’entêtaient, lorsque, au bas de la pente, devant L’Avantage, il rencontra un autre groupe, qui sortait du Voreux.