Germinal – 381

En bas, ils se trouvèrent seuls. Des étoiles rouges disparaissaient au loin, à un coude de la galerie. Leur gaieté tomba, ils se mirent en marche d’un pas lourd de fatigue, elle devant, lui derrière. Les lampes charbonnaient, il la voyait à peine, noyée d’une sorte de brouillard fumeux ; et l’idée qu’elle était une fille lui causait un malaise, parce qu’il se sentait bête de ne pas l’embrasser, et que le souvenir de l’autre l’en empêchait. Assurément, elle lui avait menti : l’autre était son amant, ils couchaient ensemble sur tous les tas d’escaillage, car elle avait déjà le déhanchement d’une gueuse. Sans raison, il la boudait, comme si elle l’eût trompé. Elle pourtant, à chaque minute, se tournait, l’avertissait d’un obstacle, semblait l’inviter à être aimable. On était si perdu, on aurait si bien pu rire en bons amis ! Enfin, ils débouchèrent dans la galerie de roulage, ce fut pour lui un soulagement à l’indécision dont il souffrait ; tandis quelle, une dernière fois, eut un regard attristé, le regret d’un bonheur qu’ils ne retrouveraient plus.