La Débâcle – 1536

Mais la fin approchait. Vainement, on fouillait les morts, il n’y avait plus une seule cartouche. Exténués, hagards, les six tâtonnaient, cherchaient ce qu’ils pourraient jeter par les fenêtres, pour écraser l’ennemi. Un d’eux, qui se montra, vociférant, brandissant les poings, fut criblé d’une volée de plomb ; et ils nerestèrent plus que cinq. Que faire ? descendre, tâcher de s’échapper par le jardin et les prairies ? A ce moment, un tumulte éclata en bas, un flot furieux monta l’escalier : c’étaient les Bavarois qui venaient enfin de faire le tour, enfonçant la porte de derrière, envahissant la maison. Une mêlée terrible s’engagea dans les petites pièces, parmi les corps et les meubles en miettes. Un des soldats eut la poitrine trouée d’un coup de baïonnette, et les deux autres furent faits prisonniers ; tandis que le capitaine, qui venait d’exhaler son dernier souffle, demeurait la bouche ouverte, le bras levé encore, comme pour donner un ordre.