La Débâcle – 1616

Derrière la haie, tranquillement, ils s’arrêtèrent une minute. Mais l’eau-de-vie, au lieu de les désaltérer, leur brûlait l’estomac. C’était exaspérant, ce goût de roussi dans la bouche. Et ils se mouraient aussi d’inanition, ils auraient volontiers mordu à la moitié de pain queMaurice avait dans son sac ; seulement, était-ce possible ? Derrière eux, le long de la haie, d’autres hommes arrivaient sans cesse, qui les poussaient. Enfin, d’un bond, ils franchirent la dernière pente. Ils étaient sur le plateau, au pied même du calvaire, la vieille croix rongée par les vents et la pluie, entre deux maigres tilleuls.