La Débâcle – 1762

Dans son cabinet, l’empereur se promena quelques minutes en silence, de son pas vacillant de malade. Il n’y avait plus là qu’un aide de camp, debout et muet, près d’une porte. Et lui marchait toujours, de la cheminée à la fenêtre, la face ravagée, tiraillée à présent par un tic nerveux. Le dos semblait se courber davantage, comme sous l’écroulement d’un monde ; tandis que l’œil mort, voilé des paupières lourdes, disait la résignation du fataliste qui avait joué et perdu contre le destin la partie dernière. Chaque fois, pourtant, qu’il revenait devant la fenêtre entrouverte, un tressaillement l’y arrêtait une seconde.