La Débâcle – 1820

Puis, comme il revenait vers Bouroche, pour lui rappeler le capitaine, il eut l’étonnement de le trouver par terre, au milieu d’une botte de paille, couché sur le ventre, les deux bras nus jusqu’aux épaules, enfoncés dans deux seaux d’eau glacée. A bout de force morale et physique,le major se délassait là, anéanti, terrassé par une tristesse, une désolation immense, dans une de ces minutes d’agonie du praticien qui se sent impuissant. Celui-ci pourtant était un solide, une peau dure et un cœur ferme. Mais il venait d’être touché par l’ ” à quoi bon ? ” Le sentiment qu’il ne ferait jamais tout, qu’il ne pouvait pas tout faire, l’avait brusquement paralysé. A quoi bon ? puisque la mort serait quand même la plus forte !