La Débâcle – 1915

Mais, tout d’un coup, Delaherche aperçut, gravissant les pentes de la Marfée, un général français, vêtu d’une tunique bleue, monté sur un cheval noir, et que précédait un hussard, avec un drapeau blanc. C’était le généralReille, chargé par l’empereur de porter au roi de Prusse cette lettre : ” Monsieur mon Frère, n’ayant pu mourir au milieu de mes troupes, il ne me reste qu’à remettre mon épée entre les mains de Votre Majesté. Je suis, de Votre Majesté, le bon Frère, Napoléon. ” Dans sa hâte d’arrêter la tuerie puisqu’il n’était plus le maître, l’empereur se livrait, espérant attendrir le vainqueur. Et Delaherche vit le général Reille s’arrêter à dix pas du roi, descendre de cheval, puis s’avancer pour remettre la lettre, sans arme, n’ayant aux doigts qu’une cravache. Le soleil se couchait dans une grande lueur rose, le roi s’assit sur une chaise, s’appuya au dossier d’une autre chaise, que tenait un secrétaire, et répondit qu’il acceptait l’épée en attendant l’envoi d’un officier, qui pourrait traiter de la capitulation.