La Débâcle – 192

Personne ne fut puni. Des officiers, à l’arrière-garde, qui escortaient les voitures du convoi, avaient eu l’heureuse précaution de faire ramasser les sacs et les fusils, aux deux bords des chemins. Il n’en manqua qu’un petit nombre, les hommes furent réarmés à la pointe du jour, comme furtivement, pour étouffer l’affaire. Et l’ordre était de lever le camp à cinq heures ; mais, dès quatre heures, on réveilla les soldats, on pressa la retraite sur Belfort, dans la certitude que les Prussiens n’étaient plus qu’à deux ou trois lieues. On avait dû encore se contenter de biscuit, les troupes restaient fourbues de cette nuit trop courte et fiévreuse, sans rien de chaud dans l’estomac. De nouveau, ce matin-là, la bonne conduite de la marche se trouva compromise par ce départ précipité.