La Débâcle – 1927

Mais les Prussiens arrivaient, il s’agissait de ne pas flâner derrière le mur. Déjà, le lieutenant Rochas battait en retraite, avec ses quelques hommes, protégeant le drapeau, que le sous-lieutenant portait toujours sous son bras, roulé autour de la hampe. Lapoulle, très grand, pouvait se hausser, lâchait encore des coups de feu, par-dessus le chaperon ; tandis que Pache avait remis son chassepot en bandoulière, jugeant sans doute que c’étaitassez, qu’il aurait fallu maintenant manger et dormir. Jean et Maurice, courbés en deux, se hâtèrent de les rejoindre. Ce n’étaient ni les fusils ni les cartouches qui manquaient : il suffisait de se baisser. De nouveau, ils s’armèrent, ayant tout abandonné là-bas, le sac et le reste, quand l’un avait dû charger l’autre sur ses épaules. Le mur s’étendait jusqu’au bois de la Garenne, et la petite bande, se croyant sauvée, se jeta vivement derrière une ferme, puis de là gagna les arbres.