La Débâcle – 1932

Il était livide, un frisson le reprenait ; et Jean, si brave, qui le matin l’avait réconforté, pâlissait lui aussi,envahi d’un froid de glace. C’était la peur, l’horrible peur, contagieuse, irrésistible. De nouveau, une grande soif les brûlait, une insupportable sécheresse de la bouche, une contraction de la gorge, d’une violence douloureuse d’étranglement. Cela s’accompagnait de malaises, de nausées au creux de l’estomac ; tandis que des pointes d’aiguille lardaient leurs jambes. Et, dans cette souffrance toute physique de la peur, la tête serrée, ils voyaient filer des milliers de points noirs, comme s’ils avaient pu, au passage, distinguer la nuée volante des balles.