La Débâcle – 2190

A Sedan, le train de la maison impériale, les bagages encombrants et maudits étaient restés en détresse, derrière les lilas du sous-préfet. On ne savait plus comment les faire disparaître, les ôter des yeux du pauvre monde qui crevait de misère, tellement l’insolenceagressive qu’ils avaient prise, l’ironie affreuse qu’ils devaient à la défaite devenaient intolérables. Il fallut attendre une nuit très noire. Les chevaux, les voitures, les fourgons, avec leurs casseroles d’argent, leurs tournebroches, leurs paniers de vins fins, sortirent en grand mystère de Sedan, s’en allèrent eux aussi en Belgique, par les routes sombres, à petit bruit, dans un frisson inquiet de vol.