La Débâcle – 2317

Bien que Maurice fût du pays, il n’était jamais venu dans la presqu’île, il marcha dès lors à la découverte, comme jeté par un coup de vent au fond d’une île lointaine. D’abord, à gauche, il longea la Tour à Glaire, une belle propriété, dont le petit parc avait un charme infini, ainsi planté sur le bord de la Meuse. La route suivait ensuite la rivière, qui coulait à droite, au bas de hautes berges escarpées. Peu à peu, elle montait avec de lents circuits, pour contourner le monticule qui occupait le milieu de la presqu’île ; et il y avait là d’anciennes carrières, des excavations, où se perdaient d’étroits sentiers. Plus loin, au fil de l’eau, se trouvait un moulin. Puis, la route obliquait, redescendait jusqu’au village d’Iges, bâti sur la pente, et qu’un bac reliait à l’autre rive, devant la filature de Saint Albert. Enfin, des terres labourées, des prairies s’élargissaient, toute une étendue de vastes terrains plats et sans arbres, qu’enfermait la boucle arrondie de la rivière. Vainement, Maurice avait fouillé des yeux le versant accidenté du coteau : il ne voyait là que de la cavalerie et de l’artillerie, en train de s’installer. Il questionna de nouveau, s’adressa à un brigadier de chasseurs d’Afrique, qui ne savait rien. La nuit commençait à se faire, il s’assit un instant sur une borne de la route, les jambes lasses.