La Débâcle – 2323

Le lendemain, dès le lever du soleil, Maurice fut debout. Le ciel restait clair, il avait hâte de rejoindre Jean et les camarades de la compagnie. Un instant, il eut l’idée de fouiller de nouveau l’intérieur de la presqu’île ; puis, il résolut d’en achever le tour. Et, comme il se retrouvait au bord du canal, il aperçut les débris du 106e, un millierd’hommes campés sur la berge, que protégeait seule une file maigre de peupliers. La veille, s’il avait tourné à gauche, au lieu de marcher droit devant lui, il aurait rattrapé tout de suite son régiment. Presque tous les régiments de ligne s’étaient entassés là, le long de cette berge qui va de la Tour à Glaire au château de Villette, une autre propriété bourgeoise, entourée de quelques masures, du côté de Donchery ; tous bivouaquaient près du pont, près de l’issue unique, dans cet instinct de la liberté qui fait s’écraser les grands troupeaux, au seuil des bergeries, contre la porte.