Dès lors, la vue de ce capitaine, de cette méprisante figure à gifles, lui devint insupportable. D’ailleurs, onentrait dans Sedan, on passait sur le pont de Meuse ; et les scènes de brutalité se renouvelaient, se multipliaient. Une femme, une mère sans doute, qui voulait embrasser un sergent tout jeune, venait d’être écartée d’un coup de crosse, si violemment, qu’elle en était tombée à terre. Sur la place Turenne, ce furent des bourgeois qu’on bouscula, parce qu’ils jetaient des provisions aux prisonniers. Dans la Grande-Rue, un de ceux-ci, ayant glissé en prenant une bouteille qu’une dame lui offrait, fut relevé à coups de botte. Sedan, qui depuis huit jours voyait passer ainsi ce misérable bétail de la défaite, conduit au bâton, ne s’y accoutumait pas, était agité, à chaque défilé nouveau, d’une fièvre sourde de pitié et de révolte.