Chaque jour, maintenant, Henriette rentrait de la sorte, bouleversée par quelque agonie, et cette souffrance des autres les rapprochait encore, pendant les tristes heures qu’ils vivaient si seuls, au fond de la grande chambre paisible. Heures bien douces pourtant, car la tendresse était venue, une tendresse qu’ils croyaientfraternelle, entre leurs deux cœurs qui avaient peu à peu appris à se connaître. Lui, d’un esprit si réfléchi, s’était haussé, dans leur intimité continue ; et elle, à le voir bon et raisonnable, ne songeait même plus qu’il était un humble, ayant conduit la charrue avant de porter le sac. Ils s’entendaient très bien, ils faisaient un excellent ménage, comme disait Silvine, avec son sourire grave. Aucune gêne d’ailleurs n’était née entre eux, elle continuait à lui soigner sa jambe, sans que jamais leurs regards clairs se fussent détournés. Toujours en noir, dans ses vêtements de veuve, elle semblait avoir cessé d’être une femme.