La Débâcle – 2808

Jamais Silvine ne s’était sentie si calme, d’esprit si net et si vif. Elle avait une promptitude de décision, une légèreté de mouvement, comme dégagée de son corps, agissant sous cette impulsion de l’autre, qu’elle ne connaissait point. Déjà, elle venait d’introduire Sambuc, avec Cabasse et Ducat, en leur recommandant la plus grande prudence ; et elle les conduisit dans sa chambre, elle les posta à droite et à gauche de la fenêtre, qu’elle ouvrit, malgré le grand froid. Les ténèbres étaient profondes, la pièce ne se trouvait faiblement éclairée que par le reflet de la neige. Un silence de mort venait de la campagne, des minutes interminables s’écoulèrent. Enfin, à un petit bruit de pas qui s’approchaient, Silvine s’en alla, retourna s’asseoir dans la cuisine, où elle attendit immobile, ses grands yeux fixés sur la flamme de la chandelle.