Un soir, de son air gai d’étourderie, Gilberte entra. Elle s’arrêta, en jouant la surprise. Monsieur de Gartlauben s’était levé, et il eut la discrétion de se retirer presque tout de suite. Mais, le lendemain, il trouva Gilberte installée, il reprit sa place au coin du feu. Alors, commencèrent des soirées charmantes, que l’on passait dans ce cabinet de travail, et non dans le salon, ce qui établissait une distinction subtile. Même, plus tard, lorsque la jeune femme eut consenti à faire de la musique à son hôte, qui l’adorait, elle se rendait seule dans le salon voisin, en laissant simplement la porte ouverte. Par ce rude hiver, les vieux chênes des Ardennes brûlaient à grande flamme, au fond de la haute cheminée, on prenait vers dix heures une tasse de thé, on causait dans la bonne chaleur de la vaste pièce. Et monsieur de Gartlauben était visiblement tombé amoureux fou de cette jeune femme si rieuse, qui caquetait avec lui comme elle faisait autrefois, à Charleville, avec les amis du capitaine Beaudoin. Il se soignait davantage, se montrait d’une galanterie outrée, se contentait de la moindre faveur, tourmenté de l’unique souci de n’être pas pris pour un barbare, un soldat grossier violentant les femmes.