Décembre s’acheva, Jean voulut partir. Maintenant, sa jambe était solide, le docteur déclarait qu’il pouvait aller se battre. Et ce fut, pour Henriette, une grande peine, qu’elle s’efforça de cacher. Depuis la désastreuse bataille de Champigny, aucune nouvelle de Paris ne leur était venue. Ils savaient simplement que le régiment de Maurice, exposé à un feu terrible, avait perdu beaucoup d’hommes. Puis, toujours ce grand silence, aucune lettre,jamais la moindre ligne pour eux, lorsqu’ils savaient que des familles de Raucourt et de Sedan avaient reçu des dépêches, par des voies détournées. Peut-être le pigeon, qui portait les nouvelles si ardemment attendues, avait-il rencontré quelque épervier vorace ; ou peut-être était-il tombé, à la lisière d’un bois, traversé par la balle d’un Prussien. Mais, surtout, ce qui les hantait, c’était la crainte que Maurice ne fût mort. Ce silence de la grande ville, là-bas, muette sous l’étreinte de l’investissement, était devenu, dans l’angoisse de leur attente, un silence de tombe. Ils avaient perdu l’espoir de rien apprendre, et, lorsque Jean exprima sa volonté formelle de partir, Henriette n’eut que cette plainte sourde :