Le père Fouchard, pour les adieux, fit bien les choses. Il envoya Silvine chercher deux bouteilles de vin, il voulut que tout le monde bût un verre à l’extermination des Allemands. Lui, gros monsieur désormais, tenait son magot, caché quelque part ; et, tranquille depuis que les francs-tireurs des bois de Dieulet avaient disparu, traqués comme des fauves, il n’avait plus que le désir de jouir de la paix prochaine, lorsqu’elle serait conclue. Même, dans un accès de générosité, il venait de donner des gages à Prosper, pour l’attacher à la ferme, que le garçon, d’ailleurs, n’avait pas l’envie de quitter. Il trinqua avec Prosper, il voulut trinquer aussi avec Silvine, dont il avait eu un instant l’idée de faire sa femme, tant il la voyait sage, tout entière à sa besogne ; mais à quoi bon ? il sentait bien qu’elle ne se dérangerait plus, qu’elle seraitencore là, lorsque Charlot, grandi, partirait comme soldat à son tour. Et, quand il eut trinqué avec le docteur, avec Henriette, avec Jean, il s’écria :