La Débâcle – 300

Et, sur une nouvelle question de Maurice, il dit leur débarquement à Toulon, leur long et pénible voyage jusqu’à Lunéville. C’était là qu’ils avaient appris Wissembourg et Frœschwiller. Ensuite, il ne savait plus, confondait les villes : de Nancy à Saint-Mihiel, de Saint-Mihiel à Metz. Le 14, il devait y avoir eu une grande bataille, l’horizon était en feu ; mais lui n’avait vu que quatre uhlans, derrière une haie. Le 16, on s’était battu encore, le canon faisait rage dès six heures du matin ; et on lui avait dit que, le 18, la danse avait recommencé, plus terrible. Seulement, les chasseurs n’étaient plus là, parce que, le 16, à Gravelotte, comme ils attendaient d’entrer en ligne, le long d’une route, l’empereur, qui filait dans une calèche, les avait pris en passant, pour l’accompagner à Verdun. Une jolie trotte, quarante-deux kilomètres au galop, avec la peur, à chaque instant, d’être coupés par les Prussiens !