Dès qu’il fut descendu, habillé à la hâte, le fusil en bandoulière, un groupe effaré de camarades, rencontré à la mairie de l’arrondissement, lui conta les faits de la soirée et de la nuit, au milieu d’une confusion telle, qu’il lui fut d’abord difficile de comprendre. Depuis dix jours que le fort d’Issy et la grande batterie de Montretout, aidés par le mont Valérien, battaient le rempart, la porte de Saint-Cloud était devenue intenable ; et l’assaut allait être donné le lendemain, lorsqu’un passant, vers cinq heures, voyant que personne ne gardait plus la porte, avait simplement appelé du geste les gardes de tranchée, qui se trouvaient à peine à cinquante mètres. Sans attendre, deux compagnies du 37e de ligne étaient entrées. Puis, derrière elles, tout le 4e corps, commandé par le général Douay, avait suivi. Pendant la nuit entière, des troupes avaient coulé, d’un flot ininterrompu. A sept heures, la division Vergé descendait vers le pont de Grenelle et poussait jusqu’au Trocadéro. A neuf heures, le général Clinchamp prenait Passy et la Muette. A troisheures du matin, le 1er corps campait dans le bois de Boulogne ; tandis que, vers le même moment, la division Bruat passait la Seine, pour enlever la porte de Sèvres et faciliter l’entrée du 2e corps, qui, sous les ordres du général de Cissey, devait occuper le quartier de Grenelle, une heure plus tard. C’était ainsi que, le 22 au matin, l’armée de Versailles était maîtresse du Trocadéro et de la Muette, sur la rive droite, de Grenelle, sur la rive gauche ; et cela, au milieu de la stupeur, de la colère et du désarroi de la Commune, criant déjà à la trahison, éperdue à l’idée de l’écrasement inévitable.