La Débâcle – 3169

Deux jours se passèrent, le jeudi et le vendredi, au milieu des mêmes incendies et des mêmes massacres. Le fracas du canon ne cessait pas ; les batteries de Montmartre, dont l’armée de Versailles s’était emparée, cartonnaient sans relâche celles que les fédérés avaient installées à Belleville et au Père-Lachaise ; et ces dernières tiraient au hasard sur Paris : des obus étaient tombés rue Richelieu et à la place Vendôme. Le 25 au soir, toute la rive gauche était entre les mains des troupes.Mais, sur la rive droite, les barricades de la place du Château-d’Eau et de la place de la Bastille tenaient toujours. Il y avait là deux véritables forteresses que défendait un feu terrible, incessant. Au crépuscule, dans la débandade des derniers membres de la Commune, Delescluze avait pris sa canne, et il était venu, d’un pas de promenade, tranquillement, jusqu’à la barricade qui fermait le boulevard Voltaire, pour y tomber foudroyé, en héros. Le lendemain, le 26, dès l’aube, le Château-d’Eau et la Bastille furent emportés, les communards n’occupèrent plus que la Villette, Belleville et Charonne, de moins en moins nombreux, réduits à la poignée de braves qui voulaient mourir. Et, pendant deux jours, ils devaient résister encore et se battre, furieusement.