Justement, on sonnait au sergent, pour un service d’ordre, et le sergent Sapin, de son air mélancolique, vint avertir les hommes de sa section que, toute distribution étant impossible, ils eussent à se suffire avec leurs vivres de campagne. Le convoi, disait-on, était resté en route, à cause du mauvais temps. Quant au troupeau, il devait s’être égaré, à la suite d’ordres contraires. Plus tard, on sut que le 5e et le 12e corps étant remontés, ce jour-là, du côté de Rethel, où allait s’installer le quartier général, toutes les provisions des villages avaient reflué vers cette ville, ainsi que les populations, enfiévrées du désir de voir l’empereur ; de sorte que, devant le 7e corps, le pays s’était vidé : plus de viande, plus de pain, plus même d’habitants. Et, pour comble de misère, un malentendu avait envoyé les approvisionnements de l’intendance sur le Chêne-Populeux. Pendant la campagne entière, ce fut le continuel désespoir des misérables intendants, contre lesquels tous les soldats criaient, et dont la faute n’étaitsouvent que d’être exacts à des rendez-vous donnés, où les troupes n’arrivaient pas.