La Débâcle – 384

Cependant, dans la petite ferme que Loubet et les camarades guignaient, le chef de leur brigade, le général Bourgain-Desfeuilles, venait de s’installer commodément. Il avait trouvé un lit possible, il était attablé devant une omelette et un poulet rôti, ce qui le rendait d’une humeur charmante ; et, comme le colonel de Vineuil s’était trouvé là, pour un détail de service, il l’avait invité à dîner. Tous deux mangeaient donc, servis par un grand diable blond, au service du fermier depuis trois jours seulement, et qui se disait alsacien, un expatrié emporté dans la débâcle de Frœschwiller. Le général parlait librement devant cet homme, commentait la marche de l’armée, puis l’interrogeait sur la route et les distances, oubliant qu’il n’était point des Ardennes. L’ignorance absolue que montraient les questions finit par émouvoir le colonel. Lui, avait habité Mézières. Il donna quelques indications précises, qui arrachèrent ce cri au général :