La Débâcle – 472

Enfin, c’était donc le parti de la sagesse qui l’emportait ! L’empereur et le maréchal, qui n’avaient jamais été pour cette marche sur Verdun, inquiets d’apprendre qu’ils étaient de nouveau gagnés de vitesse et qu’ils allaient avoir contre eux l’armée du prince royal de Saxe et celle du prince royal de Prusse, renonçaient à l’improbable jonction avec Bazaine, pour battre en retraite par les places fortes du Nord, de façon à se replier ensuite sur Paris. Le 7e corps recevait l’ordre de remonter sur Chagny, par le Chêne, tandis que le 5e corps devait marcher sur Poix, le 1er, et le 12e, sur Vendresse. Alors, puisqu’on reculait, pourquoi s’être avancé jusqu’à l’Aisne, pourquoi tant de journées perdues et tant de fatigues, lorsque, de Reims, il était si facile, si logique d’aller prendre tout de suite de fortes positions dans la vallée de la Marne ? Il n’y avait donc ni direction, ni talent militaire, ni simple bon sens. Mais on ne s’interrogeait plus, on pardonnait, dans l’allégresse de cette décision si raisonnable, la seule bonne pour se tirer du guêpier où l’on s’était mis. Des généraux aux simples soldats, tous avaient cette sensation qu’on redeviendrait fort, qu’on serait invincible sous Paris, et que c’était là, nécessairement, qu’on battrait les Prussiens. Mais il fallait évacuer Vouziers dès la pointe du jour, de façon à être en marche vers le Chêne, avant d’avoir été attaqué ; et,immédiatement, le camp s’emplit d’une animation extraordinaire, les clairons sonnaient, des ordres se croisaient ; tandis que, déjà, les bagages et le convoi d’administration partaient en avant, pour ne pas alourdir l’arrière-garde.