La Débâcle – 487

En chemin, le petit fermier ne cessa de gémir sur l’abomination des temps. Il n’avait pas eu le courage de rester à Falaise ; et il regrettait déjà de ne plus y être, répétant qu’il était ruiné, si l’ennemi brûlait sa maison. Sa fille, une grande créature pâle, pleurait. Mais, ivre de fatigue, Maurice n’entendait pas, dormait assis, bercé parle trot vif du petit cheval, qui, en moins d’une heure et demie, franchit les quatre lieues, de Vouziers au Chêne. Il n’était pas sept heures, le crépuscule tombait à peine, lorsque le jeune homme, étonné et frissonnant, descendit au pont du canal, sur la place, en face de l’étroite maison jaune où il était né, où il avait passé vingt ans de son existence. C’était là qu’il se rendait machinalement, bien que la maison, depuis dix-huit mois, fût vendue à un vétérinaire. Et, au fermier qui le questionnait, il répondit qu’il savait parfaitement où il allait, il le remercia mille fois de son obligeance.