La Débâcle – 507

L’empereur était là, au fond de la pièce bourgeoise et froide, assis devant une petite table, sur laquelle son couvert était mis, éclairée à chaque bout d’un flambeau. Dans le fond, deux aides de camp se tenaient silencieux. Un maître d’hôtel, debout près de la table, attendait. Et le verre n’avait pas servi, le pain n’avait pas été touché, un blanc de poulet refroidissait au milieu de l’assiette. L’empereur, immobile, regardait la nappe, de ces yeux vacillants, troubles et pleins d’eau, qu’il avait déjà à Reims. Mais il semblait plus las, et, lorsque, se décidant, d’un air d’immense effort, il eut porté à ses lèvres deux bouchées, il repoussa tout le reste de la main. Il avait dîné. Une expression de souffrance, endurée secrètement, blêmit encore son pâle visage.