Jean, à mesure que le jour grandissait, tâchait de s’orienter. On lui avait montré, au nord-ouest, de l’autre côté de Quatre-Champs, le chemin du Chêne, qui filait sur un coteau. Alors, pourquoi avait-on tourné à droite, au lieu de tourner à gauche ? Puis, ce qui l’intéressait, c’était l’état-major installé à la Converserie, une ferme plantée au bord du plateau. On y semblait très effaré, des officiers couraient, discutaient, avec de grands gestes. Et rien ne venait, que pouvaient-ils attendre ? Le plateau était une sorte de cirque, des chaumes à l’infini, que dominaient, au nord et à l’est, des hauteurs boisées ; vers le sud, s’étendaient des bois épais ; tandis que, par une échappée, à l’ouest, on apercevait la vallée de l’Aisne, avec les petites maisons blanches de Vouziers. En dessous de la Converserie, pointait le clocher d’ardoises de Quatre-Champs, noyé dans l’averse enragée, sous laquelle semblaient se fondre les quelques pauvres toits moussus du village. Et, comme Jean enfilait du regard la rue montante, il distingua très bien un cabriolet arrivant au grand trot, par la chaussée caillouteuse, changée en torrent.