La Débâcle – 529

Mais la nouvelle, maintenant, courait, certaine. On ne se repliait plus sur Paris, on marchait de nouveau vers la Meuse. Un aide de camp du maréchal venait d’apporter au 7e corps l’ordre d’aller camper à Nouart ; tandis que le 5e, se dirigeant sur Beauclair, prendrait la droite de l’armée, et que le 1er, remplacerait au Chêne le 12e, en marche sur la Besace, à l’aile gauche. Et, si, depuis près de trois heures, trente et quelques mille hommes restaient là, l’arme au pied, à attendre, sous les furieuses rafales, c’était que le général Douay, au milieu de la confusion déplorable de ce nouveau changement de front, éprouvait l’inquiétude la plus vive sur le sort du convoi envoyé en avant, la veille, vers Chagny. Il fallait bien attendre qu’il eût rallié le corps. On racontait que ce convoi avait été coupé par celui du 12e corps, au Chêne. D’autre part, une partie du matériel, toutes les forges d’artillerie, s’étant trompées de route, revenaient de Terron par la route deVouziers, où elles allaient sûrement tomber entre les mains des Allemands. Jamais désordre ne fut plus grand, et jamais anxiété plus vive.