La Débâcle – 531

Maurice, à l’horizon, regardait flamber Falaise. Mais il y eut un soulagement : le convoi, qu’on avait cru perdu, déboucha du chemin du Chêne. Tout de suite, pendant que la 1ère division restait à Quatre-Champs, pour attendre et protéger l’interminable défilé des bagages, la 2e se remettait en branle et gagnait Boult-aux-Bois par la forêt, pendant que la 3e se postait, à gauche, sur les hauteurs de Belleville, afin d’assurer les communications. Et, comme le 106e enfin, au moment où redoublait la pluie, quittait le plateau, reprenant la marche scélérate vers la Meuse, à l’inconnu, Maurice revit l’ombre de l’empereur, allant et revenant d’un train morne, sur les petits rideaux de la vieille madame Desroches. Ah ! cette armée de la désespérance, cette armée en perdition qu’on envoyait à un écrasement certain, pour le salut d’une dynastie ! Marche, marche, sans regarder en arrière, sous la pluie, dans la boue, à l’extermination !