La Débâcle – 62

Ah ! l’Allemagne, je la connais bien aussi ; et le terrible, c’est que vous autres, vous paraissez l’ignorer autant que la Chine… Vous vous souvenez, Maurice, de mon cousin Gunther, ce garçon qui est venu, le printemps dernier, me serrer la main à Sedan. Il est mon cousin par les femmes : sa mère, une sœur de la mienne, s’est mariée à Berlin ; et il est bien de là-bas, il a la haine de la France. Il sert aujourd’hui comme capitaine dans la garde prussienne… Le soir où je l’ai reconduit à la gare, je l’entends encore me dire de sa voix coupante : ” Si la France nous déclare la guerre, elle sera battue. ”