Test notes de bas de page

Là encore, l’écrivain ne sait se contenter du matériel de base et se met en quête de l’objectif idéal, comme en atteste cette lettre en date du 20 octobre 1901, à une époque où sa pratique photographique s’est professionnalisée :

 

Hier, je t’ai parlé de l’objectif Zeiss, que j’ai reporté. Je crois bien que l’objectif que je cherche n’existe pas ; je veux dire un objectif pour chambre 18/24, qui permettrait de faire des portraits à deux mètres, des grosses têtes, avec tous les détails exactement mis au point. La vérité est que, lorsqu’on veut faire, dans ces conditions, des 18/24, il faut employer une chambre beaucoup plus grande. Ainsi, il faudrait avoir une chambre 30/40, avec un objectif approprié, pour faire de grosses têtes, sur des plaques 18/24, avec tous les détails très nets. Mais alors, il faut placer le modèle à quatre ou cinq mètres, et il devient nécessaire d’avoir toute une installation de professionnel. Les photographes se servent tous de grandes chambres, pour faire des petits portraits. Tout cela me décide à me contenter de mon appareil avec son objectif, qui est excellent. On en tire quand même de bons résultats. — J’ai essayé des plaques Ilford, et j’en suis très content. Elles sont moins tachées que les plaques Lumière et elles donnent des clichés plus énergiques. J’ai fait quelques têtes des enfants, très bonnes[1].

 

Les noirs et les blancs

Finalement, entre 1895 et les années 1900, une révolution s’est opérée chez le Zola photographe portraitiste. S’il s’agit toujours de photographier sa famille et ses amis, ceux-ci deviennent des modèles du photographe, qui se sert d’eux afin d’expérimenter un matériel nouveau, des techniques nouvelles. Dans les notes sur la photographies prises par Zola et publiée par Alain Buisine dans Les Cahiers naturalistes, on relève ceci :

 

Denise, 4 minutes. Elle est très bien.

Jacques, 3 minutes. Il est très bien.

En somme, trois minutes pour les clichés faibles, et quatre minutes pour les clichés plus intenses. – Denise lisant supporterait 5mn, pour avoir de beaux noirs[2].

 

Ou encore :

 

On n’a jamais de mécompte en développant très clair. Il faut arrêter le développement dès que la figure s’indique, et il s’achève pendant qu’on rince. Dès qu’on développe un peu trop, l’épreuve devient noire. Cela n’est bon qu’avec un cliché intense, pour faire une épreuve à la Rembrandt. Mais dans le courant, rester en deçà du ton (très clair) surtout pour les sanguines. Un peu trop développées, elles s’empâtent et deviennent lourdes. Les laisser très claires[3].

[1] Émile Zola, op. cit., p. 692.

[2] Alain Buisine, « Émile Zola. Notes sur la photographie », Les Cahiers naturalistes, n°66, 1992, p. 328.

[3] Ibid., p. 329.